Le 24 octobre 1870 une lettre est postée dans un bureau parisien à destination de la Belgique.

Voici ce qu'écrit un nommé DHORGE à son épouse qui demeure à Couyghem en Belgique (province du Hainaut, Wallonie picarde) à la frontière française :
Cher femme
je suis toujours en bons santés est j'espert tu est de meme insi les enfants.
Ja aprent que notre propriétair est mort ensuit de sa maladie.
Calakiet vat biens mes elles regret de ne pas être partie avec toi
apein quon trouf a manger tous es terrible ... beur il est 20 f la livre pom de ters 3 f le boisau
les prussient sont battue tout les jours il ne peuf pas rentrés ni bombardé Paris mes nous somme toujours sernés nous reservent pas des lettres des heurs on die que nous avons encors pour un moies 6 ...
le temps me sembles un peu long de ne pas savoir de vos nouvel mes ja spers tu tienkuiets pas le temps serat bientau passé
Bien de chos a toutlemond
je vous embras de tou ceur
Ed Dhorge

La lettre part par ballon monté. Les ballons à gaz avec nacelle sont utilisés pendant le siège de Paris pour notamment transporter du courrier civil et militaire, des passagers ainsi que des pigeons voyageurs. Ils sont gonflés au gaz d"éclairage et sont donc hautement inflammable.
Du 23 septembre 1870 jusqu'au 28 janvier 1871, de jour comme de nuit, 66 ballons vont décoller de Paris, survoler les lignes prussiennes, et avec des fortunes diverses, se poser au gré du vent plus ou moins loin de la Capitale.
Le ballon où voyage la lettre du nommé Dhorge et qui est oblitérée à Dottignies, commune de Mouscron (Belgique) le 6 novembre 1870 voyage à bord du "Vauban", un petit ballon de 1200 m3. Il décolle de la gare d'Orléans le 27 octobre et après un vol de 370 kilomètres, il se pose à Vignôles (Meuse). Il transporte trois passagers : le pilote Guillaume GOUARD, Frédéric RETHINGER un diplôme allemand en mission et Edouard CASSIER un colombophile. Le ballon emmène aussi 290 kilos de courrier, dont cette lettre, en 5 sacs et 23 pigeons voyageurs.
La lecture de cette lettre nous apprend que les conditions de vie à Paris sont catastrophiques et que la guerre fait rage. Le beurre est rarissime, son prix s'envole. Mais comment la France en est-elle arrivé là. Faisons un petit retour en arrière historique.
La guerre franco-prussienne et le siège de Paris
Ce premier conflit avec nos voisins teutons résulte de la candidature d'un prince franco-prussien au trône espagnol qui demeure vacant depuis 1868. Sous la pression diplomatique française qui ne peut admettre avoir un prussien à sa frontière sud, le prince retire sa candidature. Mais les allemands qui cherchent à soumettre la Prusse à tous les états allemands pour réaliser l'unification intriguent, falsifient la réalité et induisent la diplomatie française en erreur. La France, se sentant humiliée, déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870.
Mal préparée, mal équipée, mal commandée, inférieure en nombre, l'armée française subit de lourdes défaites qui provoquent la rédition de nos troupes à Sedan le 2 septembre 1870. L'Empereur Napoléon III, gravement malade, est fait prisonnier.
Deux jours plus tard l'Empire est déchu par un gouvernement de défense nationale qui décide de poursuivre la guerre et proclame l'avènement de la IIIème République.
Ce qui reste de l'armée française résiste et tente de repousser l'ennemi qui avance pourtant irrémédiablement sur tous les fronts pour finalement encercler Paris et assiéger la Capitale. Le siège débute le 19 septembre et prend fin à l'armistice le 28 janvier 1871.
Sortir de Paris devient difficile et très dangereux et en finalité impossible. Le 3 octobre Paris commence à compter ses rations. On tue les chevaux en nombre. Plus les semaines avancent, plus les conditions de vie des parisiens s'aggravent, surtout dans les quartiers populaires et pauvres. Tout vient à manquer; la viande, le pain.
A partir du 24 octobre les animaux du Jardin des Plantes sont tués. Le 29 et le 30 septembre les deux éléphants sont fusillés. Toutes ces viandes exotiques sont vendues fort chères sous le label "viande de fantaisie".
On mange maintenant les chats, les chiens, les rats, les oiseaux de toutes races.
Fin décembre 1870 le beurre atteint la somme de 30 francs le kilo (notre belge parle lui en octobre de 20 francs la livre soit le kilo à 40 francs. D'autres sources parlent de 60 francs la livre).
Le 18 janvier 1871 le pain est rationné et la misère sévit gravement.
L'armistice du 28 janvier 1871 sauve Paris de la famine et dès le 7 février toutes les restrictions et réquisitions sont levées.
La guerre va pourtant continuer, civile celle-là, avec des français qui refusent la défaite. C'est la Commune de Paris mais c'est une autre histoire.
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Mon espace gras s'élargit avec l'entrée d'un nouvel adhérent dans ma communauté beurrière.
Avoir des contacts à l'étranger est bien utile et agréable. Grâce à Odile en poste en Grèce et à son mari Marcel j'ai pu obtenir mon premier papier grec. Ce pays ne produit pas de beurre et tout ce qui est en vente provient de l'importation, en l’occurrence l'Allemagne pour ce papier mis en ligne sous le n° 1217.

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Beurre AOC Charentes-Poitou
Un visiteur curieux, qui collectionne des objets sur le lait, a visité mon site et m'a proposé de m'envoyer gentiment la carte ci-dessous. A quelques jours des fêtes de fin d'année elle est d'actualité.
Merci à Jean DIDIER de Nice pour cette délicate attention qui me va chaud au beurre !

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Aujourd'hui 12-12-2012 je viens de mettre mon 1200ème papier en ligne !
La journée des 12 !
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Opercule n° 46
Z
Provenance Moniek BUCQUOYE (Belgique)

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